Arbustes persistants et résistants à la sécheresse : le secret des massifs toujours verts
3 juin 2025
Comment reconnaître un arbuste persistant résistant à la sécheresse ?
Un arbuste persistant garde ses feuilles toute l’année alors qu’un caduc se dépouille en automne. Mais la résistance à la sécheresse ne va pas forcément de pair avec le feuillage persistant : seules quelques espèces combinent solidité et beauté continue. Ces arbustes se distinguent généralement par :
- Des feuilles coriaces, vernissées ou duveteuses, réduisant l’évaporation (ex. : le laurier-rose, l’arbousier).
- Un enracinement profond et étalé, capable d’aller chercher l’eau loin sous la surface (ex. : l’eleagnus, certains pittosporums).
- Des adaptations méditerranéennes, comme un feuillage argenté ou une croissance réduite en été (ex. : le ciste, l’olivier de Bohème).
Leur atout écologique majeur ? Réduire les besoins d’irrigation de 30 à 70 % par rapport à un massif ornemental classique, selon une étude de l’INRAE sur l’adaptation des jardins méditerranéens (INRAE, 2020).
Les dix champions du feuillage persistant et sec
Le choix est vaste, mais quelques classiques s’imposent parmi les plus robustes. Voici une sélection d’arbustes généralement disponibles en pépinière et éprouvés dans des conditions de sécheresse récurrente.
- Viburnum tinus (Laurier-tin) – Feuillage dense, floraison blanche parfumée en hiver, hauteur jusqu’à 3 mètres. Supporte des arrosages espacés, survit à plusieurs semaines sans eau.
- Elaeagnus ebbingei (Eleagnus de Ebbing) – Parfait pour haies hautes. Ses racines fixent l’azote, il pousse vite (60 à 90 cm/an) et résiste à la sécheresse prolongée (source : Rustica).
- Pittosporum tobira (Pittospore chinois) – Utilisé en massif ou en haie, il arbore des feuilles vernissées et parfumées. Il résiste au vent, au sel… et à la soif.
- Photinia x fraseri ‘Red Robin’ – Très utilisé, notamment pour sa teinte rouge au débourrement. Bien raciné, il tolère jusqu’à 4 semaines de sécheresse.
- Nerium oleander (Laurier-rose) – Symbole du sud, toxique mais superbe, il persiste là où les autres flétrissent.
- Arbutus unedo (Arbousier) – Port arrondi, feuillage luisant et baies rouges comestibles. Il croît lentement mais sûrement, même en terrain caillouteux.
- Cistus (Ciste) – Petits arbustes méditerranéens (40 à 120 cm) aux fleurs délicates. Préfère la pauvreté du sol à l’arrosage en excès.
- Rhamnus alaternus (Nerprun alaterne) – Robustesse hors pair, croissance rapide, copeau dense même en été.
- Osmanthus heterophyllus – Ressemble au houx, petite croissance, parfum suave en été.
- Punica granatum (Grenadier à fleurs) – Peu exigeant, son feuillage persiste en climat doux ; ses fleurs écarlates ravissent le regard.
Comment bien planter et entretenir ces vedettes du jardin sec ?
La préparation du terrain
Une mauvaise terre, trop lourde ou compacte, retiendra l’eau superficiellement et nuira à l’enracinement profond des arbustes. Il vaut mieux les installer sur une butte, incorporer du gravier ou du sable grossier, voire pratiquer une légère pente pour faciliter le drainage.
- Distancez les pieds de 1 à 2 mètres en fonction de l’espèce et de la taille adulte.
- Prévoyez un paillage minéral ou organique (écorces, broyat de branches) dès la plantation.
L’arrosage : la clé, c’est l’autonomie !
Durant la première année, il faudra arroser régulièrement (une fois par semaine en été) pour favoriser l’enracinement. Après deux ou trois ans, ces arbustes peuvent généralement se passer complètement d’irrigation, sauf sécheresse exceptionnelle.
- Le Laurier-tin et le Pittosporum tolèrent entre 4 et 6 semaines sans eau une fois installés (source : Plantes & Jardins).
- Pour des espèces méditerranéennes comme le Ciste, mieux vaut oublier l’arrosoir : il craint l’excès d’humidité bien plus que la sécheresse.
Quels massifs et associations pour un jardin résistant à la sécheresse ?
Créer un massif sec ne rime pas avec monotonie ! Les différences de forme et de couleur peuvent s’associer à merveille :
- Pour une haie brise-vue, mariez Eleagnus, Photinia et Pittosporum.
- En rocaille, associez Cistes, Arbousiers et petits Nerpruns.
- Pour le contraste, jumeler le feuillage argenté d’une Santoline (non persistante mais très solide) avec la brillance du Laurier-tin.
L'astuce pour sublimer l’effet de ces persistants ? Entrecoupez-les d’arbustes à floraison éclatante (Abelia, Escallonia) même s’ils sont un peu plus sensibles : cela permettra des alternances visuelles tout en maîtrisant la consommation d’eau globale.
Adapter son jardin face au réchauffement : chiffres et perspectives
Selon le rapport de Météo France de 2023, 63 % du territoire métropolitain a connu au moins deux épisodes de sécheresse sévère en cinq ans. Les modèles climatiques prévoient une hausse des températures de +2 °C d’ici à 2050 dans le Sud de la France (source : Météo France), mais aussi des restrictions d’usage de l’eau étendues de mai à septembre dans la moitié des départements.
Face à cette nouvelle donne, constituer un jardin sec (dans lequel la part des persistants dépasse la moitié des végétaux utilisés) est une vraie solution pour la biodiversité locale, la pérennité du paysage et la baisse de la consommation d’eau. Une étude de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse estime ainsi à 260 L/an la consommation d’eau d’un arbre ou arbuste adulte persistant adapté contre… 800 L/an pour une pelouse ornementale (source : Agence Eau RMC).
Au fil des saisons : un jardin vert toute l’année… et pour longtemps
Les arbustes persistants résistants à la sécheresse invitent à repenser le jardinage comme un acte durable, une expérience qui s’inscrit dans le temps long. Ils offrent un refuge à la petite faune, servent d’abri à la biodiversité, et coupent le vent dans des massifs fleuris, évoluant à leur rythme au fil des années.
L’intégration de ces champions dans un jardin n’est pas seulement un acte esthétique ou pratique. C’est un geste fort vers un jardinage résilient, où le vert du feuillage persiste, quel que soit le caprice du ciel. Adapter ses choix végétaux aujourd’hui, c’est préparer un cadre de vie florissant pour demain, plus résilient face aux bouleversements climatiques.
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