Protéger vos concombres : toutes les solutions pour éviter l’oïdium et les maladies
20 octobre 2025
Comprendre l’oïdium et les maladies du concombre : identification et fonctionnement
Le concombre (Cucumis sativus) est sensible à plusieurs pathologies, dues à des champignons, bactéries ou virus. L’oïdium, surnommé « maladie du blanc », est la plus fréquente, mais d’autres menaces se cachent dans les plates-bandes.
Reconnaître l’oïdium sur les concombres
- Symptômes typiques :
- Apparition d’un feutrage blanchâtre sur le dessus des feuilles, parfois sur les tiges ou les fruits.
- Déformation, jaunissement puis dessèchement des feuilles contaminées.
- Limitation de la croissance et perte de vigueur générale.
- Agents responsables :
- L’oïdium du concombre peut être causé par différents champignons (Sphaerotheca fuliginea, Erysiphe cichoracearum).
- Périodes à risque :
- Débuts de l’été, par temps chaud (20-27°C) et humide, ou lors d’alternance pluie/soleil.
D’autres maladies se manifestent également sur le concombre :
- Mildiou (Pseudoperonospora cubensis) : grandes taches jaunes angulaires sur les feuilles, puis ocre et effondrement du limbe.
- Anthracnose (Colletotrichum lagenarium) : taches rondes sombres, fruits déformés et ulcérés.
- Bactérioses (Erwinia, Pseudomonas…) : exsudats, décoloration, flétrissement rapide des plants.
À noter : la France enregistre régulièrement des foyers d’oïdium dans toutes les régions, même en climat sec, car la maladie se diffuse principalement par le vent et les pratiques culturales (source : Anses).
Pourquoi les concombres attrapent-ils l’oïdium et autres maladies ?
Une mauvaise circulation de l’air, un excès d’humidité, et certaines erreurs de culture multiplient les risques. La densité des plantes, une fertilisation azotée mal maîtrisée ou des arrosages mal ciblés créent un « microclimat » très prisé de l’oïdium et équivalents.
- Facteurs favorisant l’oïdium :
- Denses plantations (moins de 60 cm entre les plants)
- Arrosages sur le feuillage
- Serres ou tunnels peu aérés
- Fréquence élevée de rosée ou d’arrosages en soirée
- Terreau trop riche en azote
L’absence de rotation des cultures intensifie la pression des maladies de saison en saison. L’oïdium peut hiverner sur les débris végétaux ou sur les outils non désinfectés, puis ressurgir l’année suivante.
Prévention naturelle et durable : tous les gestes essentiels
Éviter l’oïdium et les maladies du concombre passe avant tout par la prévention. 92% des problèmes peuvent être évités par de bonnes pratiques culturales (Source : Gnis, Chambre d’agriculture du Loiret).
Sélectionner les bonnes variétés
- Préférer les variétés récentes issues de sélection pour leur tolérance accrue à l’oïdium et autres pathogènes :
- ‘Kalunga F1’, ‘Delikateß’, ‘Marketmore’, ‘Picolino F1’, et autres hybrides snacks, réputées résistantes.
- Consulter les catalogues certifiés, qui mentionnent souvent la résistance « PM » (Powdery Mildew / Oïdium) ou “CMV” (virus de la mosaïque).
Pilotage de l’arrosage
- Mieux vaut arroser tôt le matin, au pied des plants (jamais sur les feuilles).
- Installer un paillage épais limite l’évaporation et le ruissellement.
- Un arrosage goutte-à-goutte est idéal pour maintenir le sol frais et sec en surface.
Rotation et compagnonnage
- Ne jamais cultiver concombres, courgettes ou melon sur la même parcelle deux années de suite.
- Introduire, en alternance, des alliacés (ail, oignon), ou des légumineuses, qui réduisent la pression des maladies fongiques.
- Intercaler des fleurs comme la bourrache ou la capucine, protectrices naturelles pour les cucurbitacées.
Entretien et aération des plants
- Tutoriser, palisser les concombres permet d’éloigner les feuilles de la surface du sol et de l’humidité persistante.
- Supprimer régulièrement les feuilles jaunies ou touchées.
- Espacer les plants (60 à 80 cm) et limiter la densité pour favoriser la circulation de l’air.
Soigner sans chimie : traitements et solutions naturelles anti-oïdium
Dès les premiers signes suspects, plusieurs remèdes éprouvés préviennent l’extension de la maladie. L’usage préventif est plus efficace que le curatif.
Traitements biologiques homologués
- Soufre mouillable : adapté en bio, il bloque le développement de l’oïdium à la surface des feuilles (traitement à 4/5 jours d’intervalle en période à risque).
- Bicarbonate de potassium : record d’efficacité sur cultures légumières pour perturber le pH du champignon (Source : RTT-Mag 2017).
- Doser à 5g/L, à pulvériser sur les deux faces du limbe.
- Préparations à base de lait cru : 10% de lait dans de l’eau, à vaporiser une fois/semaine (expériences de Mme Stoll, N.A.C. France 2020).
Recettes et décoctions de jardinier
- Purins de plantes :
- Purin de prêle (riche en silice) : 15% dans l’eau pulvérisée toutes les 2 semaines.
- Purin d’ortie ou de consoude : stimule la vigueur et l’auto-défense du concombre.
- Infusions d’ail ou oignon, à faible dilution, pour leurs propriétés bactéricides.
Attention à ne pas surdoser ces extraits, au risque de brûlures foliaires.
Hygiène et gestion des foyers infectés
- Ramasser et éliminer (ni en compost) toutes les feuilles ou fruits malades.
- Désinfecter les outils après chaque intervention.
- Limiter les interventions sur plants humides, favorisant la dissémination des spores.
À ne pas négliger : rôle du climat et de l’environnement immédiat
- La météo joue un rôle majeur, et certains étés très pluvieux peuvent provoquer une vague de maladies, même sur des variétés tolérantes.
- L’aménagement du jardin (gestion de la haie, orientation des lignes de culture) peut éviter la stagnation de l’air humide autour des plantations.
- Pensez à implanter vos concombres sur butte, pour favoriser le drainage et la chaleur du sol : cette technique réduit de 30% l’incidence des maladies racinaires selon l’APCA.
Que faire en cas de forte attaque d’oïdium ou de maladie ?
- Isoler les plants atteints. Couper et éliminer les parties très contaminées.
- Renforcer les traitements naturels, en alternant soufre et purins de plantes.
- Si nécessaire, arracher le plant et éviter de replanter des cucurbitacées à cet endroit pendant plusieurs saisons.
L’oïdium, s’il s’installe massivement, limite considérablement la production des fruits : certains maraîchers estiment une perte de rendement de 25 à 50% lors des années à forte pression, surtout en plein champ (Agri-Réseau).
Pour aller plus loin : les tendances et innovations pour protéger ses concombres
- De nouveaux biostimulants (ferments, extraits d’algues) sont actuellement testés et montrent jusqu’à 60% de réduction des symptômes d’oïdium (Source : CTIFL 2022).
- L’installation de filets anti-insectes limite aussi l’introduction de maladies virales.
- Un compostage soigné, entièrement composté à plus de 60°C, permet d’assainir le sol et de limiter la survie des champignons pathogènes.
Soyez attentif à l’évolution de la génétique des variétés et n'hésitez pas à tester, chaque année, de nouveaux hybrides plus robustes. Les réseaux d’échanges entre jardiniers (forums, associations de semences paysannes) regorgent d’expériences à partager pour garder un potager sain et productif.
Finalement, s’armer d’observation et appliquer quelques règles simples permet de profiter de concombres croquants tout l’été – et d’assurer la santé des cultures pour les saisons suivantes. Même au potager, la vigilance paye !
Sources :
- Anses
- Agri-Réseau
- CTIFL (Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes), rapport biocontrôle 2022
- Gnis – Chambre d'agriculture du Loiret
- Institut National de l’Évaluation Agronomique (INRAE)
