De la permaculture à l’animation nature : toutes les clés pour choisir sa formation

Les fondamentaux : pourquoi la permaculture s’impose comme socle éducatif ?

Bien plus qu’un « méthode de culture », la permaculture propose une éthique et des techniques globales, intégrant l’écologie, l’agronomie, la sociologie et la pédagogie. Elle place l’humain, le vivant et les ressources naturelles au cœur de chaque initiative. Pour devenir animateur nature, comprendre ces grands principes est aujourd’hui indispensable : la majorité des collectivités, associations ou écoles recherchent des profils capables d’allier respect de l’environnement et animation participative (Réseau Français de la Permaculture).

• Éthique : Prendre soin de la Terre, prendre soin des humains, partager équitablement.
• Design : Concevoir des systèmes auto-régénérants et créateurs d’abondance.
• Observation et transmission : Favoriser l’expérimentation, l’observation vive et la pédagogie active.

Les formations diplômantes : allier permaculture et éducation à l’environnement

Les BTS et licences professionnelles orientés environnement

Pour les profils souhaitant valider un diplôme reconnu, plusieurs cursus mêlent écologie appliquée et pédagogie :

• BTS Gestion et Protection de la Nature (GPN) : Très apprécié des employeurs, ce diplôme (environ 2 800 diplômés par an selon les chiffres du Ministère de l’Agriculture) prépare à l’animation, la conduite de projets nature et la gestion de sites naturels.
• Licence professionnelle Métiers de la protection et de la gestion de l’environnement : Plusieurs options incluent la médiation, l’éducation à l’environnement et initiation à la permaculture, notamment à l’Université de Toulouse-Jean Jaurès.

Les DU et certificats universitaires spécialisés en permaculture

Depuis 2018, de nombreuses universités proposent des Diplômes Universitaires (DU) autour de la permaculture :

• Le DU Permaculture appliquée (Université de Tours, Université d’Angers) : sur une année, alternant théorie écopédagogique et ateliers pratiques.
• Le Certificat Universitaire en Permaculture (AgroParisTech, UCLouvain) : cursus court, très axé sur les outils pédagogiques d’animation nature.

Ce type de diplôme apporte une véritable légitimité pédagogique et scientifique pour postuler dans les centres d’animation nature, écomusées ou fermes pédagogiques.

Les formations courtes et certifiantes : le sésame pour débuter

Le Cours Certifié de Permaculture (CCP/PDC)

C’est le Graal pour toute personne désirant intégrer la permaculture à sa pratique professionnelle ou associative. Inspiré du Permaculture Design Course anglais, ce stage de 72 heures (en présentiel ou en partie à distance) est reconnu internationalement (Permaculture Australia). Il est dispensé dans plus de 150 structures françaises chaque année.

• Formation très pratique : Design de systèmes, gestion de groupes, pédagogie de terrain.
• Inclus souvent un mémoire ou un projet pédagogique collectif à la fin du stage.
• Tarif : en moyenne 700 à 1 200 €. Quelques formateurs appliquent une tarification libre.
• Il n’est pas reconnu par l’État, mais valorisé par la plupart des structures du secteur éducatif nature.

Les formations d’animateur nature avec module permaculture

Plus de 60 centres en France (réseau GRAINE, CPIE, fermes pédagogiques) proposent des formations allant de 2 à 15 jours, généralement accessibles aux débutants, où la pédagogie active occupe une large part. Le GRAINE Île-de-France, par exemple, forme chaque année près de 500 animateurs à l’écocitoyenneté et l’agroécologie, intégrant des modules spécifiques sur le design en permaculture.

• Points forts : Rapidité, aspect très pratique (rédaction de fiches d’animation, construction d’ateliers).
• Ciblé vers l’emploi saisonnier, le bénévolat ou l’auto-entrepreneuriat.
• Possibilité de prises en charge financières via Pôle Emploi ou CPF si le centre est agréé.

Les cursus alternatifs et autoformation : oser sortir des sentiers battus

Les parcours standard ne conviennent pas à tous les esprits curieux ! Beaucoup d’animateurs se forment sur le terrain ou via des associations et réseaux citoyens.

Le compagnonnage et le volontariat

• WWOOFing : Plus de 15 000 hôtes en France proposent des immersions orientées permaculture, partagées entre travaux pratiques et animation de groupes scolaires (WWOOF France).
• Service Civique et volontariat nature : Missions longues dans des associations comme la Fédération Connaître et Protéger la Nature ou Terre & Humanisme.

Ressources en ligne et MOOC

• Le MOOC Permaculture de l’Université des Colibris attire chaque année plus de 18 000 inscrits. Son contenu est conçu avec des experts de l’INRAE et de l’enseignement agricole public.
• De nombreux webinaires, formations à distance et communautés d’entraide (Discord Les Greniers de l’Abondance, Youtubeurs spécialisés) enrichissent l’autoformation, surtout pour les animateurs éloignés des centres urbains.

Le contenu pédagogique : que doit-on attendre d’une bonne formation ?

• Compréhension fine du fonctionnement des écosystèmes et du concept de « design » appliqué à l’éducation.
• Capacité à imaginer et animer des ateliers in situ, adaptés au niveau du public (scolaires, adultes, publics en réinsertion).
• Maîtrise des outils d’animation (jeux de rôle, observation active, cartographie participative).
• Formation à la sécurité et à la gestion des risques, primordiale pour l’animation de groupes enfants.
• Sensibilisation à l’inclusion, l’accessibilité et la dimension sociale de la permaculture.

Un signe qui ne trompe pas : les formateurs de qualité insistent toujours sur l’esprit de coopération, l’écoute et l’expérimentation joyeuse plutôt que sur une « leçon de choses » descendante.

Comment financer son projet de formation ?

L’investissement peut représenter un frein, mais de multiples solutions existent :

• Pôle Emploi et CPF : certains certificats (CCP d’associations agréées, titres RNCP d’animateur nature) sont éligibles à ces financements.
• Fonds régionaux : de nombreuses régions (Nouvelle-Aquitaine, Bretagne, Occitanie) soutiennent les projets de reconversion via les dispositifs d’aide à l’écotransition.
• Bourses associatives : structures comme la Fondation de France ou La Fondation Nature et Découvertes attribuent chaque année des aides spécifiques à l’éducation populaire environnementale.

Évolutions et débouchés professionnels

Selon le sondage 2022 de l’Union nationale des CPIE, 68 % des nouveaux animateurs nature trouvent un emploi en moins de 6 mois, la demande progressant fortement avec l’éveil des collectivités à la transition écologique. Parmi les employeurs : centres permanents d’initiatives pour l’environnement (CPIE), établissements scolaires, collectivités, firme agricoles innovantes, fermes pédagogiques et tiers-lieux ruraux. Le secteur de la médiation environnementale emploie environ 10 000 animateurs en France, dont une part importante monte des projets inspirés directement de la permaculture (Union nationale des CPIE).

Réinventer sa vie en semant la permaculture

La formation à la permaculture comme socle éducatif, mêlée aux outils d’animation de terrain, ouvre tout un monde de possibles : transmission aux enfants, accompagnement de collectivités, mais aussi projets de quartiers, jardins partagés ou insertion sociale. Que l’on emprunte des chemins universitaires ou alternatifs, la clé du succès reste la curiosité et l’agilité à allier théorie, pratique et pédagogie vivante. Pour aller plus loin, rien de tel que d’expérimenter sur le terrain, d’observer les retours des participants et – qui sait ? – de créer votre propre réseau local d’échange et de mutualisation. La permaculture, finalement, c’est aussi l’art d’apprendre ensemble tout au long de la vie.