Engrais naturels : leurs limites à connaître pour un jardinage éclairé

16 mai 2025

Qu’entend-on par « engrais naturels » ?

Avant d’aller plus loin, il est bon de préciser ce dont on parle. Les engrais naturels regroupent tout amendement ou fertilisant d'origine organique, c'est-à-dire non synthétique. Voici quelques exemples :

  • Le compost : Issu de la dégradation de matières organiques comme les épluchures, les tailles de haies ou encore les restes alimentaires.
  • Le fumier : Une ressource riche en nutriments, obtenue à partir des déjections animales mélangées à de la paille ou du foin.
  • Les engrais verts : Des plantes comme la moutarde ou la phacélie, semées dans le sol pour être ensuite enfouies et enrichir la terre.
  • Les algues : Particulièrement les algues brunes, riches en minéraux.

Si ces ressources ont toutes leurs qualités, elles ne sont pas sans contraintes. Voici un tour d’horizon des principales limites à connaître avant de décider de miser uniquement sur ces solutions.

1. La composition nutritionnelle déséquilibrée

L’une des principales faiblesses des engrais naturels est qu’ils peuvent être déséquilibrés sur le plan nutritionnel. Les plantes ont besoin, entre autres, de trois éléments principaux, les fameux « NPK » :

  • Azote (N) : Nécessaire pour la croissance des parties vertes des plantes comme les tiges et les feuilles.
  • Phosphore (P) : Indispensable pour le développement des racines et la floraison.
  • Potassium (K) : Important pour la résistance des plantes et la production de fruits.

Malheureusement, les engrais organiques ne contiennent pas toujours ces éléments dans des proportions adaptées. Par exemple, le fumier est souvent très riche en azote mais peut être pauvre en potassium ou en phosphore.

Une application mal dosée peut entraîner des excès nuisibles

Par ailleurs, l'excès d'azote, dû à un apport trop important de compost ou de fumier, peut stimuler le feuillage au détriment des fruits et fleurs... Ce qui peut être problématique, surtout pour les jardiniers amateurs cultivant des légumes ou des plantes à fleurs.

2. Une libération lente des nutriments

Les engrais naturels libèrent leurs nutriments de façon progressive, car ils doivent d'abord être transformés par les micro-organismes du sol. Si cette caractéristique est un avantage pour maintenir le sol à long terme, elle peut poser des défis, notamment :

  • Un retard de croissance : Si vos plantes ont des besoins immédiats en nutriments, le processus de décomposition des matières organiques prend du temps et ne répondra pas à cette demande rapidement.
  • Une sensibilité aux conditions climatiques : La décomposition est fortement influencée par la température et l'humidité. En périodes froides, par exemple, ce processus est ralenti, ce qui peut laisser les plantes en déficit de nutriments.

Pour des cultures exigeantes ou à croissance rapide, comme les tomates ou les plantes en pots, cette lenteur n’est donc pas toujours adaptée.

3. Les risques pour l’environnement

Paradoxalement, les engrais naturels, souvent promus comme écologiques, peuvent avoir des conséquences négatives sur l’environnement, notamment lorsqu’ils sont mal utilisés :

  • La pollution des cours d’eau : Le ruissellement des engrais organiques riches en azote et en phosphore peut contribuer à l’eutrophisation des rivières et lacs, un phénomène où ces nutriments favorisent une prolifération excessive d’algues.
  • Le méthane : Lorsqu’un fumier frais est directement incorporé au sol ou laissé à l’air libre, il peut produire du méthane, un gaz à effet de serre puissant.
  • Un épandage mal contrôlé : Trop de matière organique stagnante peut créer des déséquilibres locaux dans le sol et nuire aux micro-organismes qui y vivent.

Ces problèmes soulignent l'importance de comprendre pleinement la composition et le comportement des engrais naturels avant de les utiliser.

4. Leur production demande du temps et de l’espace

Contrairement aux engrais chimiques disponibles en sacs et prêts à l’emploi, les engrais naturels nécessitent une préparation qui demande patience, organisation et espace.

Quelques contraintes liées à leur préparation :

  • Le compost : Sa fabrication nécessite des semaines, voire des mois, et un espace dédié pour le stockage de vos déchets organiques.
  • Le fumier : S'il est frais, il doit être composté avant d’être utilisé, un processus qui prend généralement plusieurs mois.
  • Les engrais verts : Ils occupent votre sol pendant plusieurs semaines, réduisant temporairement l’espace disponible pour vos cultures principales.

Pour les jardiniers ayant peu de place ou peu de temps à consacrer à cette étape, ces contraintes peuvent représenter un véritable obstacle.

5. Une efficacité variable selon les sols

Enfin, les engrais naturels dépendent fortement de la qualité et de la structure du sol dans lequel ils sont appliqués. Dans les sols très pauvres ou très sableux, par exemple, les nutriments issus des amendements naturels ont tendance à s'infiltrer rapidement sans être retenus par le sol.

De plus, l'activité biologique du sol joue un rôle clé. Sans une vie microbienne riche (bactéries, champignons et autres), les nutriments présents dans les engrais naturels ne seront pas transformés en une forme assimilable par les plantes. En d’autres termes : sans sol vivant, pas d’efficacité réelle.

Alors, quelle solution envisager ?

Est-ce à dire qu’il faut renoncer aux engrais naturels ? Bien sûr que non ! Mais pour tirer le meilleur parti des deux mondes, de nombreux jardiniers adoptent une approche mixte. Voici quelques pistes :

  • Associer engrais naturels et techniques complémentaires comme la rotation des cultures ou le paillage.
  • Recourir ponctuellement aux engrais chimiques pour répondre aux besoins urgents ou spécifiques (mais de manière raisonnée).
  • Améliorer la structure et la vie du sol en combinant compost, biofertilisants et lombricompost.

En résumé, tout comme chaque plante réclame des soins particuliers, chaque jardin mérite un plan de fertilisation personnalisé. Les engrais naturels sont un pilier essentiel pour cultiver un jardin sain et durable, mais il reste important de conscientiser leurs limites et, si besoin, de les compléter avec d’autres solutions. Fusionnez savoir-faire et observation, et laissez vos fleurs et légumes s'épanouir au mieux de leur potentiel !

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