Identifier et prévenir les principales maladies du pommier : Guide pratique

26 septembre 2025

Tavelure du pommier : le fléau le plus courant

Véritable cauchemar des jardiniers, la tavelure (Venturia inaequalis) sévit implacablement, surtout par temps humide. D’après l’INRAE, cette maladie fongique peut réduire le rendement des cultures jusqu’à 80 % lors des années très pluvieuses (INRAE).

  • Quels signes ? Taches brunes ou noires veloutées sur le dessus des feuilles, puis sur les fruits qui se déforment, craquèlent, et deviennent impropres à la consommation ou à la conservation.
  • Conditions favorables : Printemps pluvieux (température autour de 18°C, humidité prolongée sur le feuillage pendant plus de 8h).

Moyens de prévention efficaces

  • Supprimez régulièrement les feuilles et fruits tombés : ils abritent le champignon durant l’hiver.
  • Choisissez des variétés résistantes : ‘Liberty’, ‘Rewena’, ‘Enterprise’, ‘Florina’ montrent une résistance génétique.
  • Pratiquez l’aération : taillez l’arbre pour permettre au feuillage de sécher rapidement après la pluie.
  • Évitez l’arrosage du feuillage, privilégiez le goutte-à-goutte.
  • Utilisez du purin de prêle en traitement préventif (riche en silice, il renforce les défenses des tissus ; source : ITAB).

L’oïdium : le « blanc » du pommier

L’oïdium du pommier (Podosphaera leucotricha) est reconnaissable à son feutrage blanc sur feuilles et jeunes pousses. Sa progression est favorisée par les printemps doux et secs.

  • Quels dégâts ? Déformation des feuilles, ralentissement de la croissance, boutons floraux qui avortent. Les jeunes fruits en sont tachés et peuvent tomber prématurément.
  • Observations : Selon Arvalis Institut du Végétal, jusqu’à 30 % des pousses peuvent être touchées sur des arbres affaiblis. L’oïdium est incrusté dans les bourgeons, réapparaissant dès le débourrement au printemps.

Prévenir le retour du feutrage

  • Éliminer les rameaux atteints (au plus tôt, brûler après taille).
  • Aérer la structure du pommier grâce à une taille aérée, limitant la chaleur et l’humidité stagnante.
  • Alterner les traitements à base de soufre (homologués en agriculture biologique) et de décoction de prêle.
  • Surveiller tout particulièrement à la reprise de végétation, période la plus critique.

Le feu bactérien : vigilance accrue !

Le feu bactérien (Erwinia amylovora) demeure une épée de Damoclès redoutée, particulièrement dans l'ouest de la France et en zones à vergers denses. Il s’agit d’une maladie à déclaration obligatoire en France.

  • Symptômes distinctifs : Soudain, fleurs, feuilles et rameaux noircissent, comme brûlés, et se recroquevillent sans tomber. La bactérie progresse alors dans les tissus de l’arbre.
  • Données clés : Cette maladie peut décimer un verger entier en deux à trois semaines par conditions chaudes et humides (source : ANSES).

Prévention et lutte : les gestes clés

  • Couper très largement (jusqu’à 50 cm sous les symptômes), désinfecter les outils et brûler les déchets ; n’attendez pas.
  • Ne jamais composter les parties malades.
  • Choisir des variétés tolérantes si risque avéré dans la région.
  • Déclarer tout foyer suspect à la DRAAF, le feu bactérien est suivi par des mesures sanitaires strictes.

Pourriture du fruit : le moniliose

Les pommes pourrissent sur l’arbre ? Souvent, la moniliose (pourriture des fruits, Monilinia fructigena) est en cause. Cette maladie, aussi courante que désespérante, se propage principalement en période de forte humidité au moment de la maturation des fruits.

  • Evolution visible : une tache marron sur le fruit, rapidement couverte de coussinets blancs (sporulation du champignon).
  • Les fruits infectés restent souvent accrochés à l’arbre et deviennent des “momies”, foyers de contaminations futures (source : Fruits & Légumes d’Alsace).

Que faire pour garder des pommes saines ?

  1. Ramasser et éliminer tous les fruits momifiés ou tombés au sol.
  2. Maintenir une taille aérée des branches pour un séchage rapide des fruits.
  3. Privilégier des variétés peu sensibles ('Reinette Clochard', 'Gala', 'Cybele', ‘Melrose’).
  4. Éviter les blessures des fruits (insectes, grêle favorisent aussi l’infection !).

Rouilles et maladies mineures : la vigilance paie

Les rouilles du pommier (notamment la rouille du genévrier, Gymnosporangium sabinae), causent des tâches orangées sur le feuillage et peuvent entraîner une défoliation importante en cas de longue humidité estivale.

  • Le cycle du champignon fait intervenir un hôte secondaire : genévriers à proximité.
  • Éliminer les sources proches (tailler ou déplacer les genévriers ornementaux de moins de 200 m).
  • Le traitement est rarement nécessaire, mais un purin d’ortie ou de consoude régulier stimule la résistance naturelle du pommier (source : Terre Vivante).

Parmi les autres affections, on croise parfois la maladie du chancre européen (Nectria galligena), formant des blessures suintantes sur les branches, ou divers virus et bactéries opportunistes : ils rappellent l’importance d’un bon état sanitaire du verger.

Tableau récapitulatif des principales maladies du pommier

Maladie Symptômes majeurs Période d’apparition Prévention
Tavelure Taches noires sur feuilles/fruits, craquelures, fruits déformés Printemps, après pluie Nettoyage feuilles/fleurs tombées, variétés résistantes, aération
Oïdium Feutrage blanc sur jeunes pousses, avortement floraison Printemps, temps doux/chaud Taille, taille de nettoyage, traitements soufrés/prêle
Feu bactérien Noircissement, dessèchement, recourbement tissus Printemps/étéaprès floraison Taille sanitaire, déclaration
Moniliose Taches brunes, pourriture, momies restent sur arbre Août à octobre Ramassage fruits atteints, réduction blessures
Rouille Taches oranges sur feuilles, défoliation Printemps/été Éloignement des genévriers, purin d’ortie/consoude

Bons réflexes d’entretien : protéger son pommier toute l’année

  • L’observation régulière : Visitez souvent vos arbres, au moins tous les 15 jours entre mars et juillet. La détection précoce sauve d’innombrables récoltes !
  • Équilibre nutritionnel : Un pommier bien nourri (compost mûr, fumier décomposé) résistera mieux aux attaques fongiques et bactériennes.
  • Respect de la biodiversité : Chauves-souris, mésanges et coccinelles aident à contrôler les populations d’insectes vecteurs, comme les carpocapses qui fragilisent les fruits.
  • Rotation des produits : Limiter les traitements de synthèse, alterner purins (prêle, ortie, consoude) et traitements soufrés si nécessaire, toujours en respectant scrupuleusement les doses et périodes d’application.

À retenir pour des pommiers en pleine vitalité

La santé durable du pommier ne tient pas du hasard : l’hygiène, la diversité variétale, l’aération et la prévention biologique sont vos meilleurs alliés ! Les conséquences économiques et la perte de biodiversité dues aux maladies, rien qu’en France, représentent un enjeu fort, avec près de 20 % de la production de fruits à pépins affectée chaque année par des causes phytosanitaires (Ministère de l’Agriculture).

S’il n’existe pas de solution miracle, la combinaison de gestes simples et répétés s’avère redoutablement efficace. Un pommier vigilant, c’est la promesse de récoltes croquantes et de vergers inspirants, année après année.

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