Arbustes persistants : secrets d’une plantation réussie pour un jardin verdoyant toute l’année

9 juin 2025

Pourquoi adopter un arbuste persistant au jardin ?

Planter un arbuste persistant, c’est choisir la promesse d’un jardin vert même au cœur de l’hiver. Ces végétaux gardent leurs feuilles en toute saison, assurant ainsi structure, couleurs, et abri à la biodiversité lorsque tout semble endormi. Laurier-cerise, photinia, éléagnus ou buis : chaque espèce offre ses atouts, qu’il s’agisse de haies occultantes ou d'accentuer un massif. Selon l’Unep, 62 % des foyers plantent au moins un arbuste persistant pour structurer l’espace extérieur (Les Pépinières de France).

Le timing idéal : à quel moment planter un arbuste persistant ?

Le choix du moment influe directement sur les chances de reprise. En règle générale, la période optimale s’étend d’octobre à mars, hors périodes de gel ou de terre détrempée. L’automne, notamment d’octobre à début décembre, est privilégié : le sol reste chaud, suffisament humide, offrant un système racinaire qui s’installe avant le stress du premier été (Rustica). Cependant, la plantation au printemps, de mars à mai, reste possible sous réserve d’arrosages réguliers.

  • Éviter les transplantations pendant les vagues de chaleur estivales : le taux d’échec est alors plus élevé (jusqu’à 60 % de perte selon l’INRAE).
  • En sols lourds, plantez plutôt au printemps pour éviter l’asphyxie racinaire hivernale.

Un dicton de pépiniériste rappelle : “À la Sainte-Catherine (25 novembre), tout bois prend racine.” À juste titre, car à cette période, la sève redescend et la plante se concentre sur son enracinement.

Bien choisir son arbuste persistant

Toutes les espèces ne se valent pas face au climat ou au sol ! La sélection doit se faire selon l’ensoleillement, la rusticité, et la destination de la plante.

  • Climats tempérés : photinia, laurier-tin.
  • Régions aux hivers froids : houx, mahonia, forsythia evergreen.
  • Bords de mer (vents salins) : éléagnus, tamaris.

Astuce observée chez de nombreux jardiniers bretons : privilégiez les variétés locales ou produites en pépinière de proximité ; elles développent rapidement une meilleure résistance et une reprise plus rapide (source : Jardins de l’Ouest).

N’oubliez pas la taille à l’âge adulte ! Certaines espèces comme le viburnum tinus dépassent 3 mètres ; adaptez la distance de plantation en conséquence.

Étapes clés et conseils pour une plantation réussie

Le matériel nécessaire (et souvent négligé !)

  • Une bêche de bonne qualité
  • Du compost mûr ou amendement organique
  • Un arrosoir (ou un grand seau d’eau)
  • Un paillis naturel (feuilles mortes, écorces, paille)
  • Des gants de jardinage
  • Un tuteur solide pour les sujets de plus d’1 mètre de haut

Les étapes, une à une

  1. Puiser le sujet à la bonne profondeur
    • Prévoir un trou au moins deux fois plus large et profond que la motte : 50x50x50 cm pour un arbuste adulte, 30x30x30 cm pour un jeune plant.
    • Ne jamais hésiter à décompacter la terre au fond et sur les côtés du trou pour favoriser l’expansion racinaire.
  2. Apprêter la motte
    • Laisser tremper la motte (container) dans une bassine d’eau durant 10 à 15 minutes.
    • Dégager tout enchevêtrement de racines (chignon racinaire) avec les doigts.
  3. Amender la terre du trou
    • Mélanger à la terre en place une pelle de compost bien mûr, sans excès (l'excès d’azote peut brûler les racines jeunes – source : INRAE).
    • Éviter les engrais chimiques à la plantation.
  4. Positionner la plante
    • Installer l’arbuste au centre du trou, le collet (base du tronc) juste au niveau du sol, jamais enterré.
    • Combler avec la terre en tassant légèrement, sans bourrer – l’aération favorise la reprise.
  5. Arroser abondamment
    • Former une cuvette autour du pied pour maintenir l’eau.
    • Compter 10 à 20 litres d'eau pour un plant d’environ 80 cm à la plantation.
  6. Pailler généreusement
    • Épandre 5 à 8 cm de paillis autour du pied (hors contact direct avec le tronc).
    • Le paillage garde l’humidité et limite la pousse des mauvaises herbes, divisant l’arrosage par 2 dès la première année (source : Institut National de la Recherche Agronomique, 2017).
  7. Tuteurer si besoin
    • Un tuteur planté avant la mise en place du sujet évite la casse au vent, essentiel en climat venteux ou pour les arbustes de plus d’1 mètre.

Arrosage et entretien la première année : la clé de la reprise

Contrairement aux idées reçues, l’arrosage doit rester généreux même après l’automne, surtout par temps sec ou en sols filtrants. Un jeune arbuste persistant a besoin de 15 à 20 litres d’eau toutes les 1 à 2 semaines lors du premier printemps et été. Un stress hydrique à ce moment peut réduire la croissance annuelle de 30 % et accroître la mortalité (source : Jardiner Malin).

  • Utiliser, de préférence, de l’eau de pluie ou de l’eau tempérée.
  • Surveiller le dessèchement : la couleur terne et le roulage des feuilles alertent sur le besoin d’eau.
  • À partir de la deuxième année, l’arbuste réclame moins d’attentions : le paillage et un enracinement profond réduisent l’arrosage à un strict minimum, sauf périodes de canicule.

Les erreurs fréquentes à éviter lors de la plantation

  • Planter trop profondément : la base du végétal enterrée s’asphyxie, entraînant la pourriture du collet.
  • Oublier l’arrosage de la motte avant plantation : une motte desséchée retient mal l’eau, freinant la reprise.
  • Mélanger trop d’amendements riches, ou d’engrais chimiques, qui peuvent brûler les jeunes racines.
  • Négliger le paillage après plantation : l’évaporation excessive freine le développement racinaire.
  • Ignorer le besoin de tuteur en zone exposée au vent.

L’expérience des collectivités territoriales souligne : 80 % des échecs de reprise sont liés à une plantation inadaptée ou un manque d’arrosage (Ademe, 2021).

Astuces pour dynamiser la reprise et protéger la biodiversité

  • Installer plusieurs espèces ensemble : en variant les essences, on limite la propagation des maladies et attire plus d’oiseaux et de pollinisateurs.
  • Créer des microclimats en associant persistants et caducs, ce qui diminue l’impact du vent et crée des refuges variés pour la faune.
  • Planter avec un léger décalage : placer les persistants un peu en avant dans les massifs, ils protégeront l’arrière du massif des vents froids.

Intégrer des arbustes persistants au sein d’une haie variée permet aussi de repousser certains ravageurs naturellement (le chèvrefeuille, par exemple, attire les syrphes qui consomment les pucerons).

Quelques bons choix d’arbustes persistants faciles de reprise

  • Lonicera nitida : idéal en haie basse, très tolérant à la taille et à la pollution urbaine.
  • Elaeagnus ebbingei : supporte la sécheresse, les embruns et résiste bien aux maladies.
  • Photinia x fraseri ‘Red Robin’ : pourpre au printemps, il évolue vers un joli vert brillant par la suite.
  • Viburnum tinus : rustique, à floraison hivernale, bien adapté aux climats doux à modérés.
  • Pittosporum tenuifolium : feuillage original, tolère les sols pauvres.

Le taux de reprise observé en pépinières sur ces espèces oscille entre 85 et 95 % en conditions maîtrisées (source : Fédération Nationale des Producteurs de l’Horticulture).

Vers une haie persistante, belle et durable

Bien planté, un arbuste persistant sera la colonne vertébrale d’un jardin attrayant, hiver comme été. Le secret de sa réussite est double : planter au bon moment et dorloter la motte lors de la première année. Miser sur une bonne préparation du sol, privilégier l’automne ou le début du printemps, et arroser soigneusement sont les meilleures garanties pour admirer rapidement une plante épanouie. En associant des persistants à d’autres essences, le jardin devient refuge pour la petite faune et source de plaisir au fil des saisons.

Pour aller plus loin : certaines pépinières locales proposent des ateliers de plantation. Une belle option pour observer les gestes essentiels et découvrir des espèces adaptées à votre région.

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