Défendre son cerisier : tout savoir sur les ravageurs et leurs solutions

2 octobre 2025

Les ravageurs stars du cerisier : identification et dégâts

Du printemps aux prémices de l’été, les cerisiers sont l’objet de nombreuses convoitises. Certains insectes, friands de feuilles, d’autres, uniquement avides de pulpe sucrée... La vigilance est de mise. Voici les ravageurs les plus connus, et surtout les plus nuisibles :

1. La mouche de la cerise (Rhagoletis cerasi)

Impossible d’évoquer la protection du cerisier sans citer la mouche de la cerise, fléau numéro un des amateurs de ce fruit. Présente presque partout en France, une seule femelle peut pondre jusqu’à 80 œufs dans la chair des cerises, selon l’INRAE (INRAE). Les larves se nourrissent de la pulpe, rendant le fruit vermoulu et inconsommable.

  • Apparence adulte : Petit diptère de 4 à 5 mm, à ailes transparentes rayées de bandes sombres.
  • Dégâts observés : Chair molle, pourrissement du fruit, présence de petits asticots blancs.

2. Le puceron noir du cerisier (Myzus cerasi)

Moins répandu dans l’imaginaire collectif mais extrêmement préjudiciable, le puceron noir aime à s’installer au printemps sur les jeunes pousses. Par colonies entières, il aspire la sève, ce qui provoque le recroquevillement des feuilles et ralentit considérablement la croissance des rameaux.

  • Cycle rapide : Une colonie peut atteindre plus de 500 individus en une saison sur un seul arbre (source : FREDON Rhône-Alpes).
  • Symptômes : Feuilles enroulées, déformées, parfois couvertes de miellat collant attirant les fourmis.

3. Le carpocapse des prunes (Cydia funebrana)

Bien que son nom évoque la prune, ce papillon affectionne aussi les cerises, particulièrement dans les vergers où plusieurs fruitiers cohabitent. Les chenilles, une fois sorties de l’œuf, s’enfoncent dans le fruit, en creusant des galeries et en provoquant sa chute prématurée.

  • Période à risque : Mai à juillet
  • Repère : Petits trous noirs à la surface, fruits tachés et abîmés.

4. Les autres ravageurs à surveiller

  • Cécidomyie du cerisier : Mouche dont les larves attaquent feuilles et bourgeons.
  • Chenille mineuse (Anarsia lineatella) : S’attaque aux jeunes rameaux et aux feuilles.
  • Limaces et escargots : Dévorent parfois les jeunes plants fraîchement repiqués.

Chaque ravageur possède son mode opératoire : pour une lutte efficace, un bon diagnostic est donc crucial.

Comprendre le cycle des ravageurs pour mieux les combattre

Observer attentivement son cerisier est la première étape. Chaque ravageur est actif à des périodes précises :

  • Mouche de la cerise : Adultes présents dès mi-mai quand les températures dépassent 16°C ; période de ponte très courte, sur 4 à 5 semaines.
  • Pucerons : Arrivent en avril-mai, croissance explosive avec la chaleur (jusqu’à plusieurs générations par an).
  • Carpocapse : Vols d’adultes dès le début du printemps, puis seconde génération en juillet-août.

Maîtriser ces fenêtres d’action permet d’anticiper et de placer au bon moment les pièges ou traitements.

Les méthodes écologiques pour protéger ses cerisiers

Priorité aux méthodes respectueuses du vivant et à la prévention ! Les jardiniers avertis savent que l’écosystème du verger est un précieux allié.

Miser sur la biodiversité

  • Favoriser les auxiliaires : La coccinelle adulte peut dévorer jusqu’à 100 pucerons par jour (source : Terre Vivante), tandis que les mésanges sont friandes de larves et de chenilles.
  • Installer des haies variées : Arbustes à fleurs, plantes aromatiques et vivaces offrent abri et nourriture aux insectes bénéfiques.

Prévention mécanique et piégeage

  • Filets anti-insectes : Installer un filet à mailles très fines (1,2 mm maximum) avant la coloration des fruits empêche la mouche de pondre (source : Institut Technique de l’Arboriculture Fruitère).
  • Pièges chromatiques jaunes : Très efficaces contre la mouche grâce à l’attrait de la couleur jaune, ils doivent être posés en mai, à raison de 1 à 2 pièges par petit arbre.
  • Arrachage des pousses contaminées : Pour les attaques sévères de pucerons ou de cécidomyies, tailler et brûler les parties fortement atteintes limite la propagation.

Solutions naturelles et traitements bio

  • Purins de plantes : Le purin d’ortie dilué (5%) renforcera la résistance du cerisier aux pucerons. La décoction d’ail peut également être utilisée en pulvérisation préventive.
  • Huiles végétales minérales : A appliquer sur les jeunes pousses avant l’éclosion, elles étouffent œufs et larves (attention à ne pas intervenir pendant la floraison pour préserver les abeilles).
  • Bacillus thuringiensis :
    • Spécifique contre les chenilles.
    • A vaporiser au début de l’attaque, dès observation des premières chenilles.
  • Pièges à phéromones : Efficaces surtout contre le carpocapse et certaines chenilles, ils permettent un suivi précis des vols d’adultes et évitent de traiter à l’aveugle.

En dernier recours : traitements conventionnels

Chez les particuliers, la vente et l’utilisation de pesticides chimiques sont désormais très réglementées (loi Labbé). Néanmoins, certaines situations extrêmes peuvent nécessiter une intervention :

  • Usage d’huiles paraffinées homologuées ou d’insecticides naturels labellisés pour l’arboriculture biologique (attention au strict respect des doses et du calendrier d’application).
  • Éviter le soufre et le cuivre pendant la floraison afin de limiter l’impact sur les pollinisateurs.
  • En cas de fortes attaques annuelles, retirer rapidement et détruire les fruits atteints pour limiter la reproduction des parasites d’une saison sur l’autre.

Conseils pratiques pour un cerisier en pleine forme

  • Plantation adaptée : Respecter les espacements (6 à 8 m entre deux cerisiers hautes-tiges, 4 à 5 m pour les demi-tiges) pour éviter la stagnation d’humidité, facteur favorable aux maladies et ravageurs.
  • Surveillance régulière : L’inspection hebdomadaire permet d’intervenir tôt et d’éviter les infestations massives.
  • Travail du sol soigné : Le bêchage en hiver expose les pupes et larves enfouies au gel et aux prédateurs naturels.
  • Fertilisation raisonnée : Un arbre en excès d’azote devient plus vulnérable. Privilégier les amendements équilibrés, riches en potasse.

Des variétés plus résistantes : une option à envisager

Face à la pression croissante de certains ravageurs, plusieurs instituts proposent des variétés de cerisiers sélectionnées pour leur résistance accrue aux maladies et à certains insectes (Plantthérapie). Par exemple, les variétés ‘Regina’ et ‘Sunburst’ montrent une meilleure tolérance aux pucerons et aux attaques fongiques que beaucoup de cerisiers dits traditionnels. Un choix avisé pour limiter à la source les problèmes, surtout en bio ou en jardin familial.

Quelques chiffres pour visualiser les enjeux

Ravageur Impact potentiel Période critique
Mouche de la cerise Jusqu’à 80% des fruits infestés sans protection Mi-mai à fin juin
Puceron noir Colonie de 500 individus sur une branche Avril à juillet
Carpocapse Baisse de rendement jusqu’à 35% dans les vergers mixtes Juin à juillet (générations 1 et 2)

Le mot de la fin : vers des cerisiers heureux et des récoltes gourmandes

Jardiner avec le cerisier, c’est se mêler à une ronde d’insectes, observer la nature à l’œuvre, et parfois mener un vrai jeu de stratégie ! Les ravageurs font partie de l’écosystème, mais il existe aujourd’hui une palette de solutions douces et ingénieuses. En anticipant leurs cycles, en favorisant la biodiversité et grâce à quelques gestes simples, récolter de belles cerises reste tout à fait possible, et savoureux. Une récompense pour le jardinier attentif, amoureux de son verger et de ses habitants.

SOURCES : INRAE, FREDON Rhône-Alpes, Terre Vivante, Institut Technique de l’Arboriculture Fruitère, Plantthérapie.

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