Des cerises pour vous, pas pour les merles ! Toutes les solutions pour protéger un cerisier des oiseaux

Pourquoi les oiseaux raffolent-ils des cerisiers ?

Les cerises mûres sont une manne de sucre, d’eau et de vitamines pour les oiseaux, particulièrement au début de l’été alors que beaucoup d’espèces élèvent leurs jeunes. Les merles noirs (Turdus merula) sont les gourmets les plus redoutables, suivis de près par les étourneaux sansonnets, les grives ou encore les moineaux (Fiche cerise - Interfel).

• Merle noir : Jusqu’à 250 grammes de fruits avalés par jour en période de nourrissage des petits !
• Étourneau sansonnet : En bandes, ils sont capables de ravager la quasi-totalité des fruits en quelques heures.
• Période à risque : De la véraison (changement de couleur, juin/juillet selon la variété) jusqu’à la maturité.

Notes frappantes : selon une étude INRAE, dans des vergers ouverts non protégés, les pertes de récolte dues aux oiseaux oscillent entre 30 % et 85 % certaines années (source : INRAE, 2013).

Tour d’horizon des solutions anti-oiseaux pour cerisiers

Les filets de protection : la méthode la plus efficace

Installer un filet sur un cerisier est la méthode la plus radicale quand il s’agit de sauver la quasi-totalité de sa récolte. Comment choisir et poser un filet ?

• Maillage : Privilégier les mailles serrées (environ 20 mm). Plus larges, elles laissent passer les moineaux.
• Matière : Polyéthylène traité anti-UV : il ne se désagrège pas en une saison.
• Surface : Prendre un filet dépassant largement la ramure et l’attacher dessous, au niveau du tronc ou des grosses branches basses.

Un filet bien posé protège 90 à 100 % de la récolte (Planetoscope).

• Attention : vérifier régulièrement que des oiseaux ne se soient pas pris dans le filet, surtout en bordure, afin d’éviter toute souffrance animale.
• Certains modèles sont réutilisables plusieurs années, ce qui limite l’impact écologique.

Les effaroucheurs visuels : jouer avec les sens des oiseaux

Les oiseaux sont sensibles aux objets nouveaux, brillants ou mobiles. À condition de varier souvent les dispositifs, ces effaroucheurs dérangent suffisamment pour limiter la casse.

• Rubans métalliques ou CD usagés : Suspendus aux branches, ils renvoient la lumière et produisent des reflets mouvants.
• Guirlandes de fanions colorés : Le mouvement et la couleur inhabituels suffisent parfois à effaroucher temporairement merles et étourneaux.
• Boules de Noël réfléchissantes : Originales et efficaces, elles troublent la vision des oiseaux.

Limite majeure : les oiseaux s’habituent vite (parfois en moins d’une semaine !). Il faut donc déplacer, changer ou combiner plusieurs types d’effaroucheurs (Rustica).

Effaroucheurs sonores : l’effet de surprise

Le recours aux objets produisant des sons fonctionne surtout contre les grives et moineaux citadins peu habitués à certains bruits.

1. Pieuvres à vent : Silhouettes en plastique qui claquent contre les branches.
2. Vieux carillons : Bruits métalliques légers.
3. Boîtes en aluminium : Suspendues, elles cognent et tintent au moindre souffle.

Bémol : pour éviter de s’attirer les foudres du voisinage, privilégier des dispositifs au bruit discret ou sélectifs. Les canons effaroucheurs (souvent utilisés en agriculture) sont véritablement dissuasifs… et très perturbants en zone résidentielle.

Des méthodes alternatives : des astuces parfois oubliées

Leurrer les oiseaux avec des cerises factices

Suspendre des fausses cerises, peintes sur des cailloux rouges ou des billes de bois, avant maturation des vraies. Les oiseaux, trompés, picorent ces leurres durs et peu appétissants : ils se lassent et délaissent un temps l’arbre quand les vrais fruits deviennent mûrs.

• Point fort : Peu coûteux, facile à fabriquer soi-même.
• Point faible : L’efficacité n’est que partielle, mais parfois précieuse en complément d’autres dispositifs.

Protéger l’arbre par la diversification végétale et les nichoirs

Un jardin diversifié aux multiples essences, haies et baies favorise la prédation des oiseaux par leurs prédateurs naturels (chouettes, faucons, pies), mais également la dilution de la gourmandise : plus de nourriture disponible ailleurs, moins de pression sur le cerisier.

• Installer des nichoirs à mésanges ou des perchoirs à rapaces peut aider à équilibrer le micro-écosystème.
• Favoriser la présence d’oiseaux insectivores et rapaces régule naturellement les populations de merles ou étourneaux : la diversité attire la diversité (Ornithomedia).

La cueillette anticipée : gagner le duel de la maturité

Certains préfèrent cueillir légèrement avant pleine maturité (cerises presque rouges, fermes, mais déjà sucrées). Les oiseaux raffolent des fruits presque trop mûrs. Une cueillette échelonnée (et une consommation rapide !) peut faire la différence quand tout le reste échoue.

• Astuces : Placer les cerises dans un panier, elles finiront de mûrir à l’ombre en quelques heures.

Les pièges à éviter absolument

• Colle, glu et pièges mortels : Strictement interdits et inacceptables. Ces pratiques infligent d’atroces souffrances et sont illégales en France (Arrêté du 29 janvier 2007).
• Grillage trop serré : Risque de blesser les oiseaux ou de les piéger mortellement. Un maillage adapté (env. 20 mm) est une nécessité éthique.
• L’usage de pesticides : Aucun pesticide homologué n’est efficace contre les oiseaux et ces produits sont dangereux pour la faune auxiliaire, dont vous aurez besoin pour protéger votre jardin.

Choisir la bonne solution : tout dépend de votre cerisier

Le choix du dispositif se fait avant tout selon la taille de votre arbre et la configuration du jardin :

Type de cerisier	Solution recommandée
Cerisier de plein vent adulte (hauteur > 4 m)	Combinaison d’effaroucheurs visuels/sonores + cueillette anticipée + diversification végétale. Filets impossibles à installer sans nacelle.
Cerisier semi-nain ou palissé (hauteur < 3 m)	Filet de protection (pose aisée), effaroucheurs mobiles en renfort.
Jeune arbre (1-2 saisons)	Cloche ou mini-filet ponctuel. Surveillance accrue. Effaroucheurs efficaces sur petites surfaces.

Un point de vigilance : la pose du filet s’envisage à partir de la véraison seulement, afin de ne pas gêner pollinisation et installation d’auxiliaires en tout début de saison.

Protéger… mais partager ! Le compromis gagnant

Jamais aucune méthode n’empêchera totalement les oiseaux de tester quelques fruits — et après tout, c’est aussi leur rôle dans la dissémination des graines et dans l’équilibre de la biodiversité du jardin. D’après la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), répartir la récolte avec la faune locale est aussi une marque de respect pour les écosystèmes. Prévoir une petite portion de fruits accessibles n’est donc pas un sacrifice, mais le signe d’un dialogue réussi entre cultivteurs… à bec et à mains vertes !

Chaque jardin, chaque arbre, chaque année réservent leur lot de surprises. Mais la satisfaction de croquer enfin dans des cerises mûries au soleil, tout juste cueillies et pas picorées, saura largement récompenser autant de soin et d’astuce !