Secrets de récoltes abondantes : la culture du concombre sous serre ou tunnel

Pourquoi cultiver le concombre sous serre ou tunnel ?

Le concombre (Cucumis sativus) est originaire des régions chaudes d’Asie. Il apprécie chaleur et humidité, mais déteste les courants d’air froids et l’humidité stagnante. Sous serre ou sous tunnel, les conditions idéales sont réunies : température maîtrisée, humidité bien dosée, et protection contre les pluies excessives (qui favorisent les maladies cryptogamiques) et les ravageurs volants (comme la mouche blanche).

• Récolte avancée : jusqu’à 3 à 4 semaines de précocité gagnées sur la plantation en pleine terre (source : ASHS - HortScience).
• Production allongée : on peut récolter de mai à septembre, voire jusqu’en octobre en serre chauffée.
• Rendement supérieur : sous abri, les plants s’expriment mieux et les fruits sont réguliers, bien droits, avec un goût plus doux.
• Moins de maladies : la protection physique contre les pluies limite le mildiou, l’oïdium et la mosaïque du concombre.

Choisir les variétés idéales pour la culture abritée

Certaines variétés sont spécialement adaptées à la culture sous serre ou tunnel, souvent issues de sélections professionnelles : port compact, grande productivité, résistance accrue aux principales maladies (powdery mildew, cucurbit yellow stunting disorder virus…). On distingue deux grands types :

• Concombres longs (ou hollandais) : variétés F1 souvent issues de sélection (ex : ‘Bella F1’, ‘Tasty Green F1’, ‘Mini Stars F1’), à la peau lisse, peu ou pas amère, à récolter entre 25 et 35 cm. Parfaits pour la serre.
• Concombres courts ou cornichons : ils poussent aussi très bien sous abri, plus adaptés si vous manquez de hauteur ou d’espace.

Optez pour des variétés parthénocarpiques (qui fructifient sans fécondation), très pratiques sous serre car elles n’ont pas besoin de pollinisation par les insectes, parfois absents sous couvert.

Le calendrier : quand semer, quand planter ?

Le concombre sous abri permet de démarrer plus tôt, mais gare aux températures ! Voici les repères principaux :

• Semis en godets : à partir de mi-mars, en serre chauffée (température mini : 20°C jour/15°C nuit).
• Plantation en serre non chauffée ou tunnel : dès que la température du sol atteint 16°C (en général entre mi-avril et début mai selon les régions).
• Mise en place des plants : après 3 à 4 semaines de culture en godet ; au stade 3 feuilles vraies et un bon système racinaire.

La température idéale de croissance : 22-27°C le jour, 17-18°C la nuit (CTIFL, 2023).

Préparer son sol et son emplacement en tunnel ou serre

Le concombre est gourmand ! Il réclame une terre riche, profonde, bien drainée, fraîche mais sans excès d’humidité. Quelques règles d’or :

• Enrichir le sol : incorporer du compost mûr (5-6 kg par m²) ou du fumier bien décomposé à l’automne ou 3 semaines avant plantation.
• pH optimal : entre 6,5 et 7,2 (Rustica - Cultiver le concombre sous serre).
• Bonne aération : évitez l’asphyxie racinaire en décompactant le sol et en ajoutant un peu de sable ou de terreau allégé si votre terre est argileuse.

Prévoir au minimum 40 cm de distance sur le rang et 90 à 120 cm entre les rangs ; en serre ou tunnel, il est conseillé d’installer un plant tous les 40 à 60 cm sur les deux bords (placez en quinconce si possible).

Le semis ou la plantation : des astuces pour réussir

Voici la marche à suivre pour démarrer des plants robustes :

1. Semez en godets individuels : Concombres détestent le repiquage qui abîme leur système racinaire fragile.
2. Couvrez légèrement les graines : 1,5 à 2 cm de terreau (un terreau spécial semis, fin, non enrichi en excès).
3. Maintenez la chaleur : une mini-serre chauffée accélère la levée en 4 à 7 jours à 23-26°C.
4. Arrosez juste ce qu’il faut : pas d’eau stagnante, mais un substrat toujours frais.
5. Acclimatez vos plants : avant plantation sous tunnel, aérez la serre ou sortez progressivement les godets plusieurs jours avant la mise en place définitive.

La plantation sous serre : tuteurage et palissage

Sous abri, les concombres se cultivent presque toujours « en hauteur ». Cette technique a de nombreux avantages : économie de place, meilleure aération, fruits bien droits et propres, meilleur accès à la lumière.

• Prévoir un système de ficelles tendues ou de filets à grosses mailles, fixés solidement à une structure (barre métallique, arceaux de tunnel…)
• Accrocher délicatement la tige principale au fur et à mesure de sa croissance (tous les 15-20 cm), sans trop serrer
• Si la variété le permet, pincer après la 4e à 5e feuille pour favoriser le départ de tiges secondaires, porteuses de fruits
• Garder un espace suffisant pour le passage de l’air (évitez la promiscuité avec tomates ou melons, qui attirent parfois les mêmes maladies)

L’arrosage, pivot de la réussite

Le concombre sous serre est avide d’eau, mais l’eau stagnante est son pire ennemi. Le secret : arroser souvent, mais modérément !

• Arrosage régulier : 2 à 3 fois par semaine pendant la croissance, tous les 1 à 2 jours en pleine production (Agrimaroc - Irrigation du concombre).
• Privilégiez l’arrosage au pied, et évitez de mouiller le feuillage pour limiter l’apparition d’oïdium et de mildiou.
• Binage et paillage : pailler avec de la paille propre, du BRF ou un film plastique biodégradable pour conserver la fraîcheur et limiter les arrosages.

Bon à savoir : l’irrigation goutte-à-goutte est idéale pour un rendement maximal (elle permet d’ajuster finement l’apport d’eau et de limiter les maladies).

Nourrir et soigner ses concombres sous abri

Un concombre en bonne santé sera gourmand en nutriments, mais aussi sensible aux excès (risque de fruits creux ou amers).

• Apport d’engrais : privilégier les engrais bio riches en azote au début (croissance), puis en potassium et magnésium à la floraison et pendant la production (types : sang séché, guano, purin d’ortie, cendre de bois en doses contrôlées).
• Surveillez les carences : feuilles jaunissant = manque d’azote ; tâches jaunes à brunes avec nécroses : parfois carence en magnésium ou potassium.
• Attentions aux excès d’azote : provoquent des fruits creux et peu savoureux.

Lutte écologique contre les maladies et ravageurs

La serre offre une protection, mais vigilance sur certains points :

• Mildiou/Oïdium : prévenir par une bonne aération. Retirer immédiatement les feuilles atteintes. Pulvériser du purin de prêle ou du soufre en conditions humides.
• Mouche blanche/aleurode : piégez avec des plaques jaunes engluées, pulvérisez du savon noir si invasions.
• Pucerons : introduisez des coccinelles, pulvérisez du purin d’ortie ou du savon noir dilué.
• Botrytis (pourriture grise) : aérez bien, évitez les blessures lors du palissage, enlevez les fruits malades dès l’apparition.

À noter : la diversité végétale dans la serre aide à réguler naturellement les nuisibles (installation de fleurs compagnes comme la bourrache ou les soucis).

Récolte et astuces pour des fruits savoureux

• Récolter tous les 2 à 3 jours dès que le fruit atteint 20-30 cm (ou plus petit selon la variété), avant qu’il ne devienne amer ou spongieux.
• Coupez net avec un sécateur propre afin d’éviter d’arracher la plante.
• Mûrissement en continu : plus vous récoltez, plus la plante relance la production
• Conservation : les concombres se gardent au réfrigérateur mais préfèrent être dégustés rapidement (dans les 7 à 10 jours). Évitez les chocs thermiques pour préserver leur croquant !

Petite astuce : certains maraîchers alternent variétés traditionnelles et variétés modernes dans la même serre pour prolonger la fenêtre de récolte et limiter les risques de maladie sur toute la saison.

Les erreurs fréquentes à éviter

• Niveau d’humidité trop élevé dans la serre (favorise les champignons)
• Excès d’azote dans les apports (fruits fades ou creux, sensibilité accrue aux pucerons)
• Oubli du palissage : fruits tordus ou de mauvaise qualité, humidité stagnante au collet
• Mélange avec des solanacées favorisant la transmission du virus de la mosaïque du concombre
• Plantation trop tardive : floraison compromise si on rate la montée des températures à l'intérieur du tunnel

Pour aller plus loin : cultiver en permaculture sous abri ?

L’association du concombre sous tunnel avec des fleurs mellifères, laitues, basilic ou oeillets d'Inde permet d’attirer des auxiliaires, tout en maximisant la surface disponible. Les techniques de “trous de serrure” circulaires ou de “buttes” à compost intégré sont également testées avec succès chez les jardiniers bio (source : Terre Vivante). N'hésitez pas à mulcher généreusement le sol sous le tunnel, pour maintenir la fraîcheur tout l’été et limiter les arrosages.

À vous les concombres généreux !

Avec un peu de rigueur au démarrage, une surveillance régulière et quelques gestes bien appliqués, la culture du concombre sous serre ou tunnel est accessible à tous, même en petit espace. À chaque récolte, savourez la fraîcheur de fruits gorgés de soleil, et sentez-vous libre d’expérimenter variétés, associations et techniques écologiques… Les possibilités au potager n’attendent plus que vous !