Clés pour bien choisir le Pittosporum : rusticité régionale et astuces de culture
27 août 2025
Le pittosporum : rapide portrait d’un charmeur sudiste
Le genre Pittosporum rassemble plus de 200 espèces d’arbustes et petits arbres, principalement originaires du Japon, de Chine, de Nouvelle-Zélande ou d’Australie (Tela Botanica). La star des jardins reste le Pittosporum tobira, appelé aussi « pittosporum du Japon », apprécié pour son port dense, ses feuilles coriaces et sa résistance aux embruns.
Grâce à leurs feuillages courts ou ondulés, souvent bordés de blanc ou d’argenté chez certaines variétés, les pittosporums se prêtent aussi bien aux haies qu’aux massifs graphiques.
Comprendre la notion de rusticité : un critère à ne pas négliger
La rusticité désigne la résistance d’une plante à des températures basses, sur une période donnée. En France, on utilise principalement deux références :
- La zone USDA (United States Department of Agriculture), découpant le territoire en « zones de rusticité » selon les températures minimales annuelles relevées sur 30 ans (source : Planfor.fr).
- Les records locaux historiques de température négative.
Une plante « rustique jusqu’à -8 °C », par exemple, résistera à de brèves gelées à cette température… à condition d’être installée dans des conditions idéales et sur sol drainé. Au-delà, le feuillage, voire les branches, peuvent geler.
Pittosporum et rusticité : espèces et variétés à l’épreuve du thermomètre
Le pittosporum tobira : la référence de tolérance au froid
Le Pittosporum tobira est de loin le plus couramment cultivé en France. Il est considéré comme rustique jusqu’à -8°C à -10°C en sol drainant, voire ponctuellement jusqu’à -12 °C pour des sujets établis et bien situés (auJardin.info).
- À retenir : Il supporte mieux le froid si le sol reste sec l’hiver. Les gels prolongés, humide et venteux sont plus problématiques.
- Les jeunes plants, ou ceux plantés en pot, sont toujours plus sensibles que ceux établis depuis déjà quelques années.
Les pittosporums de Nouvelle-Zélande : un cran en-dessous
Les espèces comme P. tenuifolium, P. ‘Tom Thumb’ ou P. ‘Irene Patterson’, séduisent par leur élégance et leurs nuances de couleur, mais se montrent souvent moins résistantes, en général rustiques à -5 / -7 °C (Jardin du Pic Vert).
Quelques cultivars comme ‘Golf Ball’ ou ‘Elizabeth’ supportent de brefs -8 °C, mais restent globalement à réserver aux régions littorales ou douces.
- Attention : Dès qu’on descend en dessous de -5 °C plusieurs nuits de suite, le feuillage noircit et la plante redémarre parfois difficilement au printemps.
Cas particuliers : Pittosporum heterophyllum et autres espèces
Moins fréquent, le Pittosporum heterophyllum est réputé résister à -12°C. Il mérite cependant un sol filtrant et une bonne exposition, sous peine de mourir de froid sur sol saturé en plein hiver (source : New Trees).
Carte de France : où planter son pittosporum en toute sécurité ?
Pour mieux visualiser les possibilités de culture selon la région, voici une synthèse des zones, en croisement avec les types de pittosporums recommandés :
| Région française | Températures minimales habituelles | Espèces / variétés conseillées | Précautions spécifiques |
|---|---|---|---|
| Méditerranée, Côte d’Azur, Corse | -6 à -8 °C (rares coups de froid ponctuels) | P. tobira, toutes variétés de Nouvelle-Zélande | Drainage impératif, abriter du mistral |
| Côte Basque, Bretagne littorale, Vendée | -4 à -8 °C | P. tobira, P. tenuifolium, ‘Tom Thumb’, ‘Golf Ball’ | Protéger les cultivars moins rustiques les deux premiers hivers |
| Bordeaux, Charentes, Pays de la Loire intérieur | -8 à -10 °C | P. tobira, hétérophyllum | À l’abri d’un mur sud, éviter les fonds de vallée |
| Centre, Île-de-France, Est, Limousin | -10 à -15 °C (voire inférieur en hiver intense) | P. heterophyllum uniquement | Sol filtrant, paillage l’hiver, protection type voile |
| Nord, Hauts-de-France, Ardennes, Bourgogne | -12 à -18 °C | Aucun sans abri d’hiver, culture en pot rentré | Réserver aux bacs, hiverner en serre froide ou véranda |
Astuces de culture pour améliorer la rusticité du pittosporum
Quelques gestes et principes permettent d’optimiser grandement les chances de survie de votre pittosporum face au froid :
- Installer au printemps pour permettre un bon enracinement avant le premier hiver.
- Choisir le bon emplacement : plein soleil, devant un mur exposé sud ou ouest, abrité des vents froids.
- Sols filtrants : évitez à tout prix la stagnation d’eau hivernale. Ajoutez sable, pouzzolane ou graviers au fond du trou.
- Pailler le pied pour limiter les translations thermiques, surtout en climat de plaines gélives.
- Supprimer les branches brûlées dès la fin de l’hiver pour stimuler la reprise.
- Cultiver en pot si un coup de froid historique devient prévisible (déplacement possible à l’abri).
Bon à savoir : suite à la vague de froid de février 2012, de nombreux pittosporums adultes ont gelé jusqu’au collet dans des jardins de Bordeaux, du Gers ou de Vendée alors que d’autres ont pleinement résisté à Perpignan ou Nice (source : retours de jardiniers amateurs via auJardin.org).
Quels compagnons végétaux pour sécuriser une plantation à risque ?
- Lavandes, romarins et grisés méditerranéens (santolines, artemisia) offrent un microclimat protecteur et un écho graphique.
- Phormiums, trachycarpus : résistants aux mêmes conditions, leur port vertical structure l’ensemble.
- Eviter de placer des plantes très gourmandes en eau ou des espèces beaucoup plus rustiques (buis, lauriers), qui faussent la dynamique du massif.
Pour des haies et massifs élégants… mais avertis !
Le pittosporum incarne la sophistication végétale, mais il reste délicat à gérer dans la moitié nord ou sur plateaux exposés. Les différentes variétés permettent toutefois de profiter de cette plante dans de nombreuses régions françaises, sous réserve d’une installation judicieuse et de précautions lors des hivers rigoureux. L’observation des épisodes climatiques locaux, la qualité du sol et la variété choisie sont les clés pour cultiver un pittosporum durablement sublime.
Dernier conseil : surveillez les prévisions météo chaque hiver, et n’hésitez pas à poser une couche de voile d’hivernage ou de pailler généreusement le pied à l’approche d’une vague de froid, même ponctuelle. Cela fait souvent la différence pour une haie persistance au jardin.
