Maîtriser la taille du cerisier : astuces et calendrier pour booster vos récoltes
3 octobre 2025
Pourquoi tailler son cerisier ? Les bénéfices d’une taille bien menée
La taille des cerisiers, souvent redoutée ou négligée par les jardiniers amateurs, revêt pourtant une importance capitale. C’est le geste qui conditionne non seulement la quantité, mais aussi la qualité de votre récolte, sans oublier la longévité de l’arbre. Contrairement à certaines croyances, la taille n’est pas qu’une affaire d’esthétique !
- Favoriser la fructification : La taille stimule la formation de nouveaux rameaux, porteurs des précieuses fleurs qui deviendront cerises.
- Limiter les maladies : En aérant la ramure, on prévient l’apparition de la moniliose et de la gommose, maladies redoutées des cerisiers (source : Ferme de Sainte Marthe).
- Soutenir la vigueur de l’arbre : Un cerisier non taillé s’épuise vite, avec des branches entremêlées qui se concurrencent.
- Sécuriser la récolte : Une structure bien organisée réduit le risque de rupture des branches sous le poids des fruits, particulièrement chez certaines variétés à gros fruits.
Le calendrier idéal pour tailler le cerisier
Savoir quand intervenir, c’est éviter bien des écueils. La période de taille influence la santé et la future floraison du cerisier.
- Taille principale : privilégiez une taille à la fin de l’été, entre mi-août et mi-septembre. Pourquoi ? C’est le moment où la sève circule encore, mais l’arbre ralentit sa croissance. Les plaies cicatrisent alors rapidement, limitant le risque de maladies fongiques.
- Taille de formation (jeunes sujets) : dès la plantation, idéalement à la fin de l’hiver, hors période de gel intense, pour orienter la future structure.
- Éviter la taille en cours de montée de sève : la taille en hiver ou au tout début du printemps expose à la gommose (écoulement de gomme), un fléau courant du cerisier (source : Rustica).
Quels outils utiliser ? Sécurité et précision avant tout
Qui dit taille dit outils affûtés… et propres ! Le matériel adéquat fait toute la différence pour des coupes nettes, garantes d’une bonne cicatrisation.
- Sécateur à lames franches pour les petites branches (< 2 cm de diamètre)
- Scie arboricole pour les diamètres supérieurs, surtout sur les sujets âgés
- Échelle stable pour atteindre le sommet des cerisiers développés
- Désinfectant (alcool à brûler ou solution javellisée) à appliquer sur les lames entre chaque arbre afin de ne pas propager de maladies
- Mastic cicatrisant (optionnel, car les recommandations évoluent – la cicatrisation naturelle est parfois préférable, sauf pour les coupes importantes de +5 cm de diamètre)
Les différents types de taille du cerisier
Taille de formation (jeunes arbres, 1 à 5 ans)
Dès la plantation, il faut choisir les branches charpentières, souvent au nombre de 3 à 5, qui porteront la structure de l’arbre. Pour les gobelets ou les axes centraux, la taille est différente, mais l’objectif commun est de structurer un arbre aéré et solide. Les bourgeons situés vers l’extérieur sont privilégiés.
- Raccourcir les branches principales à 40-50 cm, juste au-dessus d’un bourgeon extérieur.
- Supprimer les pousses qui se croisent dans le cœur de l’arbre.
- Laisser 15-20 cm entre chaque charpentière pour éviter la concurrence.
Taille de fructification (arbres adultes)
Au bout de 5 à 7 ans, le cerisier entre en pleine production. À ce stade, l’intérêt principal est de conserver un équilibre entre croissance et fructification.
- Éclaircir la ramure en supprimant les branches en surnombre, faibles, mortes ou orientées vers l’intérieur.
- Favoriser les bouquets de mai : ce sont de courts rameaux qui portent la majorité des cerises. Ils ne doivent jamais être taillés courts ; privilégier leur préservation.
- Rabattre éventuellement les branches trop vigoureuses qui montent au ciel (gourmands), en les coupant à la base ou à 3-4 yeux pour limiter la hauteur.
- Les branches latérales trop longues ou arquées sous le poids des fruits peuvent être raccourcies d’un tiers.
Taille de restauration (vieux arbres négligés ou trop hauts)
Un grand cerisier, laissé sans intervention, peut atteindre 6 à 12 mètres de haut et devenir difficile à récolter. La taille de restauration vise à rajeunir et réduire la ramure.
- S’effectue progressivement sur 2 à 3 ans pour ne pas provoquer de stress fatal à l’arbre.
- Supprimer d’abord les branches mortes ou malades.
- Aérer la cime en retirant 1 grosse branche par an maximum.
- Rabattre les branches latérales pour obtenir une hauteur facile à gérer (environ 3 à 4 mètres).
Faire la différence entre taille douce et taille sévère
Le cerisier déteste les coupes franches et sévères. Moins on taille, mieux il se porte ! Une suppression trop importante, plus de 30% du volume foliaire en une année, expose l'arbre à la gommose et réduit dramatiquement la récolte l’année suivante (source : auJardin.info).
| Type de taille | Volume retiré | Conséquence |
|---|---|---|
| Taille douce | -15 à -20% | Récolte maintenue, arbre sain |
| Taille sévère | +30% | Risques de gommose, baisse fruitière |
Les erreurs à éviter absolument
- Tailler en hiver ou début de printemps : fragilise le cerisier, expose à la gommose.
- Rabattre trop court les rameaux : suppression des boutons à fruits, perte de récolte.
- Laisser les branches se croiser ou s’entremêler : favorise maladies et blessures.
- Ne pas désinfecter les outils : propagation assurée de champignons et bactéries.
- Tailler systématiquement chaque année : tous les cerisiers ne nécessitent pas une taille annuelle ! Certains n’ont besoin qu’une taille d’entretien tous les 2 à 3 ans.
Conseils de pro pour maximiser la récolte
- Observer avant d’agir : repérer où se forment les bouquets de mai, éviter de tailler ces parties cruciales.
- Bien choisir la forme : le gobelet (ou « vase ») ouvre l’arbre à la lumière et à l’air, favorisant la coloration et la saveur des fruits.
- Penser pollinisation : certaines variétés (ex: ‘Burlat’) sont auto-stériles et nécessitent un autre cerisier à moins de 30 mètres (source : Gerbeaud). La taille doit préserver les branches en fleurs utiles à la fécondation croisée.
- Adapter la taille à la variété : les cerisiers acides (griottiers) sont généralement moins exigeants en taille que les cerisiers doux (bigarreaux).
- Surveiller dès la fin de l’été : dès septembre, vérifiez la présence de plaies suintantes de gommose. Si nécessaire, taillez à nouveau très légèrement pour éliminer les tissus atteints.
Que faire des déchets de taille ?
Les branches saines peuvent servir de paillage broyé au pied de l’arbre, après séchage, ou alimenter un compost. A contrario, les bois malades (traces de gommose, chancres) doivent impérativement être brûlés ou évacués en déchetterie pour éviter toute contamination.
Retour d’expérience et chiffres clés
- Le rendement d’un cerisier bien mené varie de 10 à 40 kg pour un arbre adulte, selon la variété et l’âge (source : CTIFL).
- Dans les vergers professionnels, une augmentation de 20 à 30% de la récolte est observée sur les arbres taillés avec précision, par rapport à ceux laissés à l’état naturel.
- Une taille trop agressive peut diviser par deux la production l’année suivante – donc patience, rigueur et douceur sont vos meilleurs alliés !
Vers des cerisiers resplendissants année après année
La taille du cerisier demande doigté et observation, mais adopter les bonnes pratiques se révèle payant sur le long terme. Un arbre bien taillé vit plus longtemps, fructifie mieux et offre les plus belles cerises, charnues et savoureuses. Cette approche respectueuse inspire la pérennité du jardin et la générosité de la nature. Les gestes précis d’aujourd’hui construisent les récoltes de demain… ainsi, chaque branche coupée avec soin promet une moisson de bonheur fruité lors des beaux jours !
